“Plante Bleue était une suite logique de l'adhésion à HPF”
Pour Patrick Michoud, cogérant et responsable de production aux Serres du Baderand, situées à Trévoux, dans l'Ain, la certification Plante Bleue s'est posée comme une évidence permettant au consommateur de savoir que l'entreprise met tout en oeuvre pour répondre à ses attentes...
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Les Serres du Baderand se situent à Trévoux, dans l'Ain, « un des départements les plus fleuris de France », affirme Patrick Michoud, cogérant de l'entreprise, avec ses beaux-frères Marc et Bernard Abdilla. L'entreprise familiale - y travaillent également les deux soeurs Abdilla, le fils de Patrick Michoud, ses deux neveux, et sa soeur - est membre de HPF (Horticulteurs et pépiniéristes de France - Les artisans du végétal). La vente au détail représente 60 % de son chiffre d'affaires. Environ 90 % des végétaux commercialisés sont produits sur place. Pour le responsable de production, « passer à Plante Bleue n'était même pas un choix, mais une évidence, une suite logique de l'adhésion à HPF ».
Les Serres du Baderand sont entourées de jardineries spécialisées. « La SARL subit une hyper concurrence. Les coûts de production (énergie...) augmentent, les coûts de main-d'oeuvre aussi, le prix des plantes à massif stagne... Dans ce contexte, la question se pose : nous continuons de produire ou pas ? Si oui, il faut que les gens sachent tout ce que nous faisons pour répondre à leur demande ! » HPF permet de communiquer sur le savoir-faire du producteur. « Pour moi, un producteur HPF, c'est un peu comme l'artisan boulanger qui fabrique son pain... » Une information d'autant plus importante que les Serres du Baderand voient la vente au détail augmenter tous les ans de 10-15 %, au contraire des ventes en gros (centrales d'achat), remportées par les grandes coopératives angevines et étrangères. « Il y a six-sept ans, nous nous sommes concentrés sur le détail, les collectivités et une trentaine de jardineries. Or, pour quelques communes, Plante Bleue est déjà un critère de choix », poursuit Patrick Michoud.
Il y a quelques années, la société a orienté ses pratiques vers la PBI (protection biologique intégrée), le tri des déchets... « Je suis administrateur de la Maison familiale rurale du Domaine de La Saulsaie, à Montluel (01), qui enseigne à des bacs pro horticoles avec, depuis dix ans, une formation axée sur l'entreprise dans son environnement (eau, déchets, fertilisation...), soit tous les critères de Plante Bleue. Cela nous a permis d'anticiper ! Depuis le passage en PBI il y a six ans, nous avons diminué par dix la quantité de produits phytosanitaires. La première année, je ne suis pas allé jusqu'au bout, je me suis fait peur ! Aujourd'hui, de juin et jusqu'en octobre, nous n'utilisons aucun insecticide et occasionnellement des fongicides. Pour la rouille blanche du chrysanthème, nous avons sélectionné des variétés plus résistantes et nous ne réalisons aucun traitement depuis quatre ans. » Les plantes destinées au point de vente au détail sont arrosées à l'eau claire. « Sous certains abris, les pots sont posés sur une nappe d'irrigation Floraplus (composée d'une toile tissée, d'un feutre et d'une toile imperméable). Nous fragmentons l'arrosage (1 l/m²) programmé par ordinateur et la nappe récupère les excès d'eau éventuels. En cas de pluie, l'eau est dirigée vers le bassin de décantation. Depuis quatre ans, nous équipons chaque année une nouvelle surface. Sur les 18 000 m² concernés, 70 % sont couverts de nappe d'irrigation, et ce sera 100 % d'ici un an ou deux. »
Pour les déchets, l'entreprise dispose de plusieurs bennes qui permettent de procéder au tri. Le carton et les plastiques d'emballage vont à la déchetterie (environ 50 euros par tonne de plastique, soit 500 euros maximum à payer par an). Les EVPP (emballages vides de produits phytosanitaires) sont récupérés par la société Durantin, fournisseur en auxiliaires et produits phytosanitaires. Une benne recueille les végétaux (invendus, etc.), qui sont ensuite broyés, compostés sur l'entreprise et étalés sur des parcelles agricoles. Le film des tunnels rééquipés est confié à des collègues qui montent des petites serres ou à Durantin qui les collecte une fois par an.
« Nous avons réalisé l'autodiagnostic en novembre 2010, avec Hubert Breton, technicien du Ratho. Il connaissait parfaitement le cahier des charges de Plante Bleue. Il a pu expliciter les questions et apporter un appui technique. Après avoir rempli le questionnaire, nous avons obtenu les résultats sur les cinq critères du diagnostic : l'eau, la fertilisation, les traitements phytosanitaires, les déchets et l'énergie. » L'évaluation a soulevé un point majeur - le manque de compteurs d'eau -, et un point mineur - l'emploi de la fertilisation organique, pas forcément adaptée au type de culture. « Il y a trois ans, j'avais en effet décidé de passer de la fertirrigation au 100 % fertilisation organique. Or, l'autodiagnostic nous a permis de nous rendre compte que ce n'est pas toujours un bon choix pour l'environnement, car je ne savais pas la quantité d'éléments rejetés dans les eaux de ruissellement. Nous utilisons donc des engrais à libération lente depuis deux ans sur 90 % des cultures. Les analyses de solutions de drainage montrent les mêmes résultats, corrects. Nous avons conservé le réseau de fertirrigation et nous l'utilisons dans certains cas particuliers, par exemple pour booster la couleur des chrysanthèmes à la mi-octobre avec un coup de potasse. » Concernant les compteurs d'eau, trois appareils ont été installés sur les trois forages.
Les Serres du Baderand ont passé l'audit de certification à la fin de l'année 2012. « L'organisme auditeur Ocacia était débordé (deux personnes sont chargées des audits au niveau national), et les rendez-vous ont été décommandés plusieurs fois. » L'audit s'est déroulé au sein de l'établissement pendant une journée.
« Notre système de chauffage (gaz propane et aérothermes sous tunnels en plastique) a obtenu une mauvaise note, mais nous n'avons pas à le changer, car il reste suffisant pour une production de plantes à massif de serre froide. Il serait contreproductif d'investir des milliers d'euros pour chauffer quatre semaines par an ! » D'autant plus que le morcellement en plusieurs parcelles rend difficile l'installation d'un chauffage central. Les dirigeants ont donc préféré modifier les choix des espèces cultivées (arrêt du bégonia, du kalanchoë, des plantes vertes d'intérieur, de l'hibiscus...). « Le travail le plus long a été de définir les parcelles agronomiques par rapport au chauffage et aux types de culture. » Les critères « entretien du matériel » et « suivi des consommations » ont permis aussi de rattraper un peu la note. « Pour le critère sociétal, il suffit d'être en règle avec la législation du travail. Nous avons également une dizaine de pages à lire et un document à signer. Et concernant le critère environnemental, un plan situe la société avec ses haies naturelles et son cours d'eau, en zone constructible (elle n'est pas en zone protégée). »
Pour les Serres du Baderand, le seul point négatif mis en avant a été l'absence de colonnes dans le cahier de saisie (consommation en eau, en fertirrigation, en produits phytosanitaires, entretien du matériel...). « Les données étaient dans mes fiches de culture. J'ai rempli le tableau et envoyé la photocopie du cahier à Ocacia pour validation. En février 2013, nous avons obtenu le label, valable jusqu'au 31 janvier 2016. Avec un autodiagnostic bien encadré, l'audit est assuré ! »
« Une entreprise ne doit pas seulement faire preuve de durabilité environnementale, mais également économique », souligne Patrick Michoud. « Nos choix n'ont pas coûté grand-chose : des bennes, des données à saisir, des compteurs (400 euros)... L'audit coûte environ 600 euros. Certains collègues s'inquiètent des contraintes du référentiel, mais en fait, il n'y en a pas tant que ça. »
En matière de communication, « nos prochaines portes ouvertes, prévues au mois de mars 2014, seront axées sur Plante Bleue (nous réalisons la moitié de notre chiffre d'affaires de détail en mars-avrilmai), et sur tous les efforts que nous avons entrepris. Nous allons communiquer sur notre site internet et au niveau des appels d'offre. Nous avons vu le préfet de région et le message est passé auprès des communes sur le fait qu'il existe désormais une entreprise locale certifiée... »
Valérie Vidri
L'entreprise affiche partout son savoir-faire grâce aux panneaux HPF. Dans la suite logique, le passage à Plante Bleue permettra de compléter cette communication axée sur ses bonnes pratiques...
La vente directe de végétaux représente 60 % du chiffre d'affaires des Serres du Baderand.
L'entreprise pratique la protection biologique intégrée depuis six ans et l'arrosage fractionné sur nappe d'irrigation limite le ruissellement.
Le carton, le plastique et les EVPP sont triés. Les végétaux sont broyés et compostés.
Côté fertilisation, l'autodiagnostic a convaincu Patrick Michoud de passer aux engrais à libération lente.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :